Des récits policiers


 

École Jean Moulin, Beauvais, classe de C.E.2


Cinq classes de la même école voulaient écrire des histoires policières. Je proposai d’adopter le même couple de détectives dans les cinq affaires et de diversifier au maximum l’objet des enquêtes (cambriolage, enlèvement, meurtre…). L’idée était de créer entre les classes une circulation d’informations pour veiller à ce que toujours nos détectives soient en cohérence.
En réalité, si la chose fonctionna bien entre les maîtres, les élèves eurent assez peu d’échanges critiques entre eux. De même, c’est surtout moi qui signalai les petites distorsions.
Il faut bien se rendre compte que les enfants n’ont aucune maîtrise de l’écriture d’un texte long, encore moins policier. En général cinq lignes leur suffisent pour raconter toute leur histoire.
Je mis donc au point un processus de travail qui était le suivant :
. discussion sur le point de l’histoire où nous en sommes et sur les nécessités littéraires (par exemple introduire une fausse piste pour le lecteur) ;
. scénarisation de ce passage de l’histoire (l’idée de conclusion et de dénouement n’intervient généralement qu’à la 4ème ou 5ème séance), écriture à grands traits au tableau et découpage en trois ou quatre parties ;
. chacun choisit la partie sur laquelle il va écrire (l’équilibrage se fait naturellement) ;
. je repars avec l’ensemble des textes ; dans chaque texte je surligne tout ce que je trouve intéressant, même si je n’envisage pas de le garder dans le cadre précis de notre histoire (par exemple, quand il fut question de choisir la voiture du détective, il y eut de multiples propositions ; l’hypothèse de la 2CV n’aurait pas été bonne – et aurait donc permis un vrai moment de discussion – eu égard au fait que Mathias était assez casse-cou). Bien entendu, chaque copie a quelque chose de surligné ;
. j’écris une synthèse à partir de tous ces éléments mais je fais là mon travail d’écrivain, en essayant de trouver un moyen terme entre ce qu’expriment concrètement les enfants et les nécessités du récit policier.
Un test probant : lorsque, la séance suivante, je commence en lisant la synthèse que j’ai composée, je demande aux élèves de lever la main chaque fois qu’ils reconnaissent une de leurs expressions ou une de leurs phrases. Rares sont les élèves qui ne lèvent pas la main. Bien qu’en définitive ce soit moi l’auteur, cette histoire reste la leur. Et ceci s’est vérifié dans toutes les classes avec lesquelles j’ai travaillé.
Le livret imprimable ci-joint est celui de l’école Jean Moulin de Beauvais. Il comporte deux histoires (tête-bêche) totalement indépendantes l’une de l’autre.

Livret imprimable