Des récits d’aventure


 

École Jean Moulin de Méru, CE2-CM1


La perspective de travailler à nouveau à l’école Jean Moulin de Méru m’a incité à proposer de ne pas récrire du policier. D’où l’idée d’un récit d’aventure. La première séance est toujours un beau déballage, un vide-grenier des idées de textes. Passé le premier quart d’heure débridé, il s’agit de construire peu à peu en s’appuyant oralement sur des sortes de consensus. Le maître a, en l’affaire, toute sa liberté de parole et de proposition.
Ici, assez vite, il fut question de voyages. Quand je demandai aux élèves de Laurence Mouchard de réfléchir aux métiers qui faisaient voyager les gens, une élève lâcha le mot d’ « archéologue ». L’occasion était trop belle… Dans la classe d’Alain Daussy, c’était moins l’objet du voyage que le voyage lui-même qui intéressait : ce serait un accident d’avion et une île inconnue…
A partir de là, dès la première séance, il faut que les enfants écrivent individuellement. Par exemple je leur demandai de choisir les pays dans lesquels iraient fouiller les archéologues ou le prénom et le hobby de chacun des cinq copains qui partaient en avion.
Dès la seconde séance, le processus décrit précédemment fonctionne parfaitement.
Une séance-type se décompose ainsi :
. 1er 1/4h : lecture et discussion de la synthèse ;
. 2e et 3e 1/4h : scénarisation collective au tableau ;
. 4e et 5e 1/4h : écriture individuelle (ou à deux) avec relances continuelles ;
. 6e 1/4h : bref survol de ce qui a été écrit ; confrontation des lexiques et syntaxes…
La question qui se pose dans l’écriture d’un texte long est que les enfants ne sont que dans l’événementiel (« et alors il fit ceci, et alors il fit cela »). Or dans un texte long le plaisir de la lecture est dans la densification des personnages et des situations. Il faut donc enrichir la production initiale. Pour cela, un moyen : le questionnaire. A partir du texte de base, je pose des questions qui appellent des précisions, des recherches, des ajouts. Le résultat est toujours très intéressant.
Un vrai problème dans ce genre d’entreprise : les enfants n’ont quasiment aucun accès à la documentation. Ils ne savent où chercher, ils ne savent comment chercher, ils ne savent que retenir. Quand mon fils était au collège, combien de fois ai-je pesté contre ces prétendus « devoirs » consistant à « faire une recherche sur Internet sur… Voltaire, Hugo ou n’importe qui ». Quelle recherche ? Les vingt pages de référence ? C’est grotesque. Il faudrait commencer par apprendre aux élèves à rechercher…
Donc, modestement, dans le cadre de cette petite histoire (six séances d’écriture quand même), j’ai cherché – et aménagé, sinon ça ne sert à rien ; et rendu lisible – de la documentation sur : le type d’avion qui peut se piloter quand on n’est pas professionnel, des fruits « exotiques », des animaux surprenants (François Place a fait un magnifique travail là-dessus), des habitats indigènes… Je passais parfois une heure pour sortir une page dans laquelle les élèves pourraient réellement trouver des repères. Voilà à quoi sert l’écrivain : il doit se documenter quand il écrit…

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