la poupée reine

je m’approche en courant
de la maison sans étage
la pluie commence à tomber
l’odeur de mes habits
s’imprègne de poussière
j’attends la porte s’ouvre

« c’est bien d’être venu »
depuis la chaise d’infirme
elle me sourit tristement
gardant sa main serrée
sur la poignée « c’est bien
d’être venu » dit-elle

la robe un tissu blanc
le tablier à carreaux
un paquet de cigarettes
et la fumée fait battre
ses beaux yeux gris fardés
la tache de ses lèvres

et les petites mains
dans un mouvement de peur
laissent tomber maladroites
la revue enfantine
sur les dalles humides
où s’égoutte ma veste

emprunts à Carlos Fuentes
musique Laurent Fontaine
1981